Mécanismes à l’œuvre : viralité, pression du groupe, normalisation
1. L’algorithme, moteur d’exposition
Les algorithmes des grandes plateformes sélectionnent et relaient les contenus jugés les plus "engageants", c’est-à-dire ceux qui génèrent beaucoup de réactions et d’interactions. Les vidéos de défis ou de comportements extrêmes, souvent spectaculaires, bénéficient d’une amplification rapide, touchant des millions de jeunes en quelques heures. En 2022, le "Blackout challenge" sur TikTok a provoqué au moins 15 décès d’enfants et d'adolescents à travers le monde (BBC, juin 2022).
- Effet "boule de neige" : Un défi vu ici ou là est repris, transformé, diffusé massivement, devenant une norme temporaire dans certains groupes d’internautes.
- Répétition : À force de voir certaines pratiques, la frontière entre comportement atypique et pratique courante s’estompe.
2. La pression sociale renforcée
Avant même les réseaux, la recherche d’appartenance et la pression de groupe influençaient les conduites chez les adolescents. Mais dans l’univers numérique, cette dynamique prend une autre ampleur :
- Visibilité publique : Les actions sont filmées, photographiées, partagées, commentées. L’évaluation par les pairs se fait au vu de tous, augmentant l’envie de plaire, d’être spectaculaire ou "dans la tendance".
- Phénomène de la "comparaison sociale" : Les jeunes se comparent systématiquement à ce qu’ils voient, ce qui peut intensifier la pression à reproduire un comportement populaire.
3. Normalisation et banalisation
La répétition d’images ou de récits liés à l’alcool, au binge drinking, au vapotage, ou aux jeux dangereux crée une impression de banalité, voire d’innocuité, de ces pratiques. Un rapport du CSAPA Université Paris-Saclay (2021) montre que 66 % des lycéens interrogés trouvent "normal" de voir des photos de soirées très alcoolisées sur Instagram.