Législation et taxation : quelles preuves d’efficacité ?
L’exemple du tabac est souvent cité comme modèle de réussite, en Europe comme en France. Depuis 2003, le prix du paquet de cigarettes a doublé sous l’effet des politiques fiscales, conjuguées à l’interdiction de fumer dans les lieux publics (2007) et à la fin de la publicité. Résultat ? Selon Santé Publique France, la prévalence quotidienne du tabagisme est passée de 33% en 2000 à 24,5% en 2022 chez les adultes (Santé Publique France). L’effet est particulièrement marqué chez les jeunes, qui entrent plus tardivement dans l’expérimentation.
- L’interdiction de vente aux mineurs (renforcée depuis 2009) contribue elle aussi au recul de l’expérimentation, même si 9,1% des 17 ans déclarent encore fumer quotidiennement (Enquête ESCAPAD 2022).
- Les dispositifs de sevrage (lignes d’aide, remboursement partiel des substituts...) facilitent un recours plus précoce au soin.
Mais tout n’est pas si simple. L’alcool, par exemple, résiste beaucoup plus aux politiques tarifaires classiques. Alors que de nombreux pays de l’OCDE observent une réduction de la consommation, la France reste, en 2022, avec 10,5 litres d’alcool pur consommés par an et par habitant, au-dessus de la moyenne européenne (OCDE).
Plusieurs explications : la culture du vin, la faible taxation de certains alcools (bière, cidre...), l’omniprésence de la publicité lors de grands événements sportifs. L’efficacité de la loi Evin (1991), pourtant pionnière, s’est érodée avec les années – et les aménagements législatifs.