Les mécanismes psychologiques en jeu : décryptage
Les addictions comportementales reposent souvent sur des ressorts psychologiques comparables à ceux des dépendances à substances. Plusieurs mécanismes se conjuguent :
- Récompense et conditionnement
- Gestion des émotions et renforcement négatif
- Processus d’habituation
- Recherche de stimulation ou d’évitement
- Biais cognitifs
Le circuit de la récompense : dopamine et plaisir immédiat
Lorsqu’un comportement procure du plaisir ou un soulagement, il active le « circuit de la récompense » dans le cerveau, principalement via la dopamine. Ce système, nécessaire à notre survie (manger, socialiser, etc.), ne fait pas la différence entre une récompense naturelle et une « surstimulation » apportée par certains comportements.
Exemples :
- Un pari gagnant, une victoire à un jeu vidéo, un « like » sur une photo postée… chaque « succès » déclenche un pic de dopamine.
- Cela incite à répéter l’action, parfois jusqu’à la perte de contrôle.
Le problème ? Les créateurs de jeux, d’applications ou de sites de paris exploitent intentionnellement ce mécanisme. Par exemple, les mécaniques de lootbox dans les jeux vidéo ou les notifications aléatoires sur les réseaux sociaux sont conçues pour maximiser ce phénomène d’appel-récompense (cf. L’INSERM, rapport 2014).
Le conditionnement : le piège de l’habitude
Au fil du temps, le cerveau associe un comportement à l’obtention rapide de plaisir ou à la réduction d’une tension. Cela conduit à un conditionnement (sorte de réflexe appris) qui rend de plus en plus automatique le recours à ce comportement, même en l’absence de récompense.
- Par exemple : se connecter machinalement à Instagram en cas de stress ou d’ennui, sans y trouver systématiquement un intérêt.
- Chez les joueurs de jeux d’argent, le simple fait de se rendre dans un casino peut suffire à déclencher l’envie de jouer, sans autre raison apparente.
Ce processus s’installe de façon insidieuse et contribue à la difficulté d’arrêter, même face à des conséquences négatives.
La gestion des émotions et le renforcement négatif
La plupart des addictions comportementales prennent racine dans la fonction « d’auto-médication » psychique. Devant l’anxiété, la solitude, l’ennui, la tristesse… certaines personnes trouvent dans un comportement addictif un moyen de s’apaiser ou de se détourner d’émotions pénibles.
- Selon une étude de l’Université de Montréal (2018, Dr Karine Bertrand), 68% des adolescents ayant une utilisation problématique du jeu vidéo rapportent le faire pour oublier leurs difficultés personnelles.
- Le jeu pathologique, le binge-watching ou même le shopping compulsif deviennent alors une stratégie d’évitement émotionnel : la pratique s’impose comme une béquille face à la douleur, mais empêche d’apprendre à gérer autrement ses émotions.
On parle dans ce cas de renforcement négatif : on n’agit pas pour obtenir du plaisir, mais pour faire cesser un état de mal-être, ce qui entretient la dépendance.