Facteurs psychologiques associés à un risque accru de polyaddiction
1. Impulsivité et difficulté de régulation émotionnelle
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Impulsivité : De nombreuses recherches, dont celle publiée dans « Addictive Behaviors Reports » (2017), soulignent que les personnes présentant un haut niveau d’impulsivité sont plus exposées à la polyconsommation. L’impulsivité facilite la prise de risques, l’expérimentation rapide de plusieurs substances et le passage d’un usage récréatif à répétitif.
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Difficultés à gérer ses émotions : Les troubles de la régulation émotionnelle — c’est-à-dire la difficulté à identifier, exprimer ou apaiser ses émotions — constituent un terrain fertile pour développer des conduites addictives variées. Fuir le mal-être, l’angoisse ou la tristesse par différents produits ou comportements devient ainsi une stratégie compensatoire courante.
2. Troubles psychiatriques et comorbidités
Il est avéré que la présence de troubles psychiatriques (anxiété, dépression, troubles bipolaires, TDAH, troubles de la personnalité, etc.) augmente nettement le risque d’addictions multiples. Une méta-analyse de 2018 (source : « Journal of Dual Diagnosis ») observe que :
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Les personnes dépressives cumulent trois fois plus de risques de consommer plusieurs substances par rapport à la population générale.
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Les sujets avec un trouble anxieux généralisé ou un trouble obsessionnel-compulsif (TOC) présentent une prévalence accrue de polyaddictions (jusqu’à 45 % chez les sujets TDAH).
Cette liaison peut s’expliquer par la recherche d’un soulagement des symptômes psychiques par différentes voies.
3. Recherche de sensations fortes et besoin de nouveauté
Le trait psychologique appelé sensation seeking (ou recherche intense de stimulations/sensations) est très souvent retrouvé chez les polyconsommateurs, notamment chez les adolescents et jeunes adultes (source : European Addiction Research, 2020).
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Envie de tester, explorer, varier les expériences : ce profil expose à la diversité des consommations.
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Faible seuil d’ennui, recherche de plaisirs intenses : on observe davantage d’essais et de passages d’une substance à l’autre.
4. Faible estime de soi et isolement social
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Estime de soi altérée : Chez certaines personnes, une image de soi dévalorisée ou un sentiment d’incompétence sociale vont favoriser le recours aux produits multiples « pour se sentir mieux, plus à l’aise, oublié·e ».
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Isolement : L’absence de réseau de soutien ou un environnement perçu comme hostile renforcent la vulnérabilité.
5. Traumatisme et histoire de vie difficile
L’histoire individuelle influe également. Plusieurs études rappellent que les antécédents de traumatismes — violence, abus, négligence, rupture familiale — augmentent significativement le risque de polyaddiction ultérieure (source : INSERM, Expertise collective « Addiction et traumatismes », 2021).